Le Sel, un ingrédient actif
Matthieu 5:13
Dans le numéro du magazine « Time » publié le 30 juin 2003 il y avait un article intitulé « Garder la foi sans la prêcher. » L’auteur cite un missionnaire mennonite Edward Miller qui avait travaillé en Irak pour fournir de l’aide à la population. Selon l’article : « Edward Miller, qui autrefois était responsable de l’aide mennonite en Irak et qui est maintenant de retour en Irak, a un sacré boulot devant lui. Mais une chose qui n’est pas sur sa liste de tâches: C’est l’évangélisation. Les représentants mennonites qui fournissent de l’aide dans les pays musulmans ne prêchent pas l’évangile. »
Et selon M. Miller lui-même : « Il faut reconnaître que le christianisme fait partie du Moyen-Orient depuis 2.000 ans. Les gens ici connaissent tout sur ma religion et ils n’ont pas besoin de moi pour l’expliquer. Je ne crois pas que j’ai plus à enseigner aux musulmans qu’ils ont à m’enseigner. »
Comment réagissons-nous quand nous entendons un tel rapport? Je ne vous dirai pas comment vous devez réagir… à la fin de ce message vous pourrez décider vous-mêmes si M. Miller avait raison ou non sur sa position.
Ce matin nous allons regarder un verset du Matthieu.5:13 .
« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. »
Nous entendons parfois dire que nous devons être le sel de la terre – comme si c’est quelque chose que nous devenions après un certain temps au sein de l’église. Mais Jésus nous dit que c’est ce que nous sommes si nous sommes un de ses disciples, un chrétien. Par définition un chrétien, c’est le sel de la terre. La question à poser alors n’est pas: est-ce que nous devons devenir le sel, c’est sommes-nous du sel de bonne qualité ou non?
Quand Jésus a dit « vous êtes le sel de la terre », qu’est-ce qu’il a voulu communiquer? Qu’est-ce qu’un chrétien plein de sel?
Fondamentalement, le sel est le caractère du chrétien comme représenté dans les béatitudes – l’enseignement de Jésus que nous trouvons au chapitre 5 de l’évangile de Matthieu. Si nous vivons selon cet enseignement de Jésus nous sommes du sel de bonne saveur dans ce monde. Nous empêchons la décomposition morale dans le monde et nous agissons de sorte que ce monde soit un lieu où il fait meilleur de vivre. Comme le sel conserve la nourriture et donne du goût à la nourriture. Nous verrons l’ensemble de ces deux idées en plus de détail un peu plus tard.
Les béatitudes supposent que les chrétiens sont différents – que nous ne sommes pas comme ceux qui ne sont pas chrétiens. C’est à dire, les attitudes des béatitudes sont à l’inverse de celles du monde. Mais, et il faut le noter, dire que nous ne sommes pas comme ceux qui ne sont pas chrétiens ne veut pas dire que nous sommes bizarres – si vous connaissez des chrétiens bizarres cela vaut la peine de noter qu’ils seraient de toute façon bizarres, chrétiens ou non. Pas bizarres alors, mais différents.
Et il me semble qu’un des plus grands défauts de l’église occidentale c’est qu’il est parfois, même souvent, impossible de distinguer ses membres, chrétiens, de ceux qui ne sont pas chrétiens. Ce n’est pas simplement dire que nous parlons comme eux, que nous agissons comme eux, que nous faisons les mêmes activités, que nous écoutons la même musique et que nous regardons la même télé ou que nous allons dans les mêmes lieux. Nous devons certainement veiller à ces choses. Mais il est question plutôt d’attitude et de motivation. Comment voyons-nous ces choses? Quelle est leur importance pour nous? Quelle est notre motivation dans ce que nous faisons? Notre motivation, est-elle semblable à celle du monde? Vivons-nous pour se faire plaisir? Est-ce que nous croyons que chacun puisse faire ce qui lui semble bon, ou avons-nous la motivation de plaire à Dieu par ce que nous faisons? Si oui, cela va changer notre comportement et par la suite il deviendra évident que nous sommes chrétiens. Nos actions suivent toujours nos croyances et nos attitudes. Et si nous sommes « sel » cela se verra.
Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre. Agissons ainsi alors – parce que l’alternative est peu appétissante. Le sel non salé ne sert à rien et il est impossible de lui rendre son goût. Le sel non salé ne sert à rien.
Le sel connu par Jésus n’était pas comme notre sel de table d’aujourd’hui. Le sel qui était utilisé par beaucoup de gens se trouvait autour de la mer morte et ce n’était pas du chlorure de sodium pur comme le nôtre. Le sel de ce temps-là était un mélange de toutes sortes de choses qui donnaient une poudre blanche. Mais il était possible que les grains du vrai sel soient lessivés par l’eau – laissant une poudre blanche, sans goût qui ne servait à rien. On l’appelait toujours du sel parce qu’il y avait toujours une certaine ressemblance. Mais ce poudre n’avait pas le goût du sel, ni ses autres qualités. Il n’était que de la poussière.
Le mot traduit « perd sa saveur » dans ce verset signifie « devenir insipide ». Peut-être alors ce que Jésus nous communique devient plus clair – un chrétien insipide n’a pas un grand impact pour le bien dans ce monde parce qu’il est impossible de dire s’il est du monde ou non.
Il est semblable au monde – une poudre blanche sans goût. Ce qui faisait de lui quelque chose de distinct a été lessivé – et cela en prenant les attitudes du monde. Il n’est ni un bon conservateur ni un bon assaisonnement. Il ne sert à rien.
Retournons maintenant aux deux aspects du sel que j’ai déjà mentionné: Le sel empêche la décomposition de la nourriture. Le vrai chrétien empêche la décomposition morale. Le sel donne du goût à la nourriture. Le vrai chrétien agit de sorte que ce monde soit un lieu où il fait meilleur de vivre, il donne du goût à la vie de ceux qui sont autour de lui. Ces deux aspects nous aideront, j’espère, pour commencer à comprendre la nature de la différence que nous devons avoir face au monde. Ce qui fait que nous sommes distincts.
Dans le l’Epître aux, Romains, l’Apôtre Paul nous peint un tableau assez sinistre de la société qui se détourne de Dieu et de sa vérité. C’est une image de la société dans laquelle Paul vivait. Lisons Romains.1:18-31 .
C’est aussi notre société – la société dans laquelle nous sommes le sel. Une société pourrie et pourrissante. Bien que nous ne voyions pas chacun des aspects que Paul nous décrit dans la vie de chacun, c’est quand même ce que nous voyons dans la société dans son ensemble.
A la fin du 19eme siècle, il y avait un grand optimisme pour l’avenir. Les expositions universelles servaient de démonstrations de la magnificence de l’esprit humain et de ses possibilités. Les gens s’attendaient à ce que la guerre soit abolie, que la maladie soit supprimée, que la souffrance soit éliminée. Ils s’attendaient à ce que le 20eme siècle soit un siècle de paix et d’amour, que la société soit de plus en plus éclairée par l’augmentation de la connaissance humaine. La première guerre mondiale de 14 -18 fut un choc et un réveil brutal. Le 20eme siècle a été le siècle le plus sanglant de l’histoire. Notre société dégringole à toute allure. Des choses qui étaient impensables il y a 20 ans font partie de la vie quotidienne d’aujourd’hui.
Jadis, et encore aujourd’hui, là où il n’y a pas de frigos, le sel servait de conservateur. On faisait pénétrer le sel dans la viande avant que cette dernière ne pourrisse. Les chrétiens doivent agir ainsi dans notre société. Comme du sel, nous devons pénétrer dans notre société pour ralentir la pourriture et, en plus, donner un bon goût.
Le sel est un ingrédient actif. L’église est souvent forte pour rester sur la ligne de touche en montrant du doigt. L’église dit facilement « Ca ne va pas ». Elle dit facilement ce que le monde doit faire et ce que le monde fait de mal. Le monde a un nom pour ceux de telles églises : des moralisateurs.
Mais nous ne pouvons pas imposer notre moralité sur le monde, nous ne pouvons pas forcer les gens de vivre comme nous vivons. Nous pouvons vivre cette vie parce que nous sommes habités par l’Esprit Saint et par lui nous sommes conscient de notre péché et en Christ peut en recevoir le pardon. Pour ceux qui ne connaissent pas Christ, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’ils vivent comme Christ ou selon la moralité chrétienne.
Ils ne peuvent pas et ils ne veulent pas et les juger pour cela n’aide personne. Si nous jugeons comme cela c’est nous qui sommes perçus comme étant ceux qui haïssant et détestant tout et n’importe quoi, et le message d’amour et de pardon de l’évangile est perdu.
Il est facile de critiquer et vouloir s’imposer. Plus difficile d’effectuer un changement – mais le vrai sel retrousse ses manches et s’implique dans la viande. Si vous pouvez me permettre de mélanger un peu mes métaphores.
Comme Jésus l’a dit, nous sommes dans le monde mais nous ne sommes pas du monde. Nous pouvons vivre une vie exemplaire parmi les non-croyants qui va les amener à se poser, et nous poser des questions. Nous sommes appelés à aimer et faire des bons œuvres, des choses qui sont bien pour notre monde and, comme Jésus l’a dit, « qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Amen! Et ce Jésus, c’est celui que l’on appelait « ami des pécheurs ». Que cela soit notre nom aussi! Nous pouvons faire plus en aimant, en respectant et en encourageant qu’en haïssant, jugeant et critiquant
Il peut parfois sembler au monde que nous ne sommes ni du monde, ni dans le monde. Peut-être venons-nous de Jupiter avec nos habitudes étranges; nous avons une sous-culture chrétienne dans laquelle nous sommes très confortablement installés mais nous n’avons rien à dire au monde. Nous avons notre argot chrétien, nous nous comprenons mais notre façon d’être est opaque pour ceux qui viennent de l’extérieure. Nous sommes en danger de devenir le sel qui reste dans la salière si nous ne faisons pas l’effort d’en sortir. Qui touche aussi à ce que je viens de dire à propos de Jésus. Comment être ami des pécheurs si nous ne connaissons pas des pécheurs? Cela ne veut pas dire être comme eux, mais vivre parmi eux.
Nous sommes le sel par notre exemple et nous sommes le sel par notre influence. Cela ne veut pas dire que chacun de nous doit sortir d’ici tout de suite pour devenir membre d’une organisation, d’un club ou d’un groupe pour l’influencer en bien. Non, mais il faut que nous nous regardions et que nous nous posions des questions: Où sommes nous impliqués dans notre société, notre communauté. Où faisons-nous du bien? Où notre voix est-elle entendue? Où donnons-nous de l’aide? Connaissons-nous les besoins et les espérances de notre communauté? Où sommes-nous conservateurs et assaisonnements?
Quand notre projet bâtiment sera achevé comment allons-nous servir et faire bénéficier la communauté dans laquelle nous nous trouvons? Est-ce que nous attendons de mettre la dernière brique, fermer les portes, pousser un soupir de soulagement et dire « Enfin, chez nous »? J’espère que non!
Comment allons-nous influencer Libramont, St. Hubert, Bastogne, Bertrix, Neufchâteau? Ou, plus près de nous, comment allons nous avoir de l’influence dans notre famille, notre lieu du travail, notre voisinage?
Je sais bien qu’il y a des gens dans cette église qui peuvent donner des réponses précises à certaines de ces questions. Parce que je vois, nous ne sommes pas une église totalement renfermée! Il y a du sel qui pénètre dans la viande de la société.
Cependant il faut plus. J’ai dit que le fait que nous sommes le sel signifie que nous sommes distincts. Mais nous pouvons regarder tout autour de nous et nous voyons des gens qui s’impliquent dans des bonnes œuvres pour le bien de la société. Et ils ne sont pas chrétiens! Ils font honte à nous. Pourquoi? Parce qu’ils font ce que nous ne faisons plus. Il semble qu’ils sont du meilleur sel que nous!
Dans le passé l’église a été à la pointe de l’action sociale. Beaucoup d’organisations d’aide, qui sont aujourd’hui laïques, ont été fondées par des croyants qui avaient un désir d’agir comme du sel dans la société. Ces fondateurs avaient le désir d’aider les gens et aussi de changer les attitudes des responsables des pays. Il y a encore de telles organisations aujourd’hui. Par exemple; en tant qu’église nous soutenons le travail du Service d’Entraide et de Liaison – acronyme SEL – une organisation chrétienne qui travail pour le bien de la société. Mais pour beaucoup, l’église s’est dégagée de l’action sociale. Quelqu’un a dit « Les chrétiens sont si fixés sur le ciel qu’ils ne servent à rien ici bas. » Cela résume peut-être pourquoi il en est ainsi.
Mais qu’en est-il au niveau personnel? Etre un chrétien dans la vie de sa communauté implique qu’on soit présent et qu’on soit reconnu comme chrétien. Ceci touche quelque part à « different et non pas bizarre ». Etre reconnu parce que vous êtes bizarre n’est pas la même chose qu’être reconnu parce que vous êtes différent. En tant que Chrétiens nous avons la possibilité d’apporter quelque chose que d’autres ne peuvent pas apporter.
Nous avons la possibilité de partager notre foi, partager une esperance dont ce monde manque et dont il a tant besoin. Il me semble que c’est là que se trouve la plus grande différence entre un chrétien et celui qui ne l’est pas. Nous sommes le sel en Christ. Notre comportement doit être meilleur que le comportement de ceux qui nous entourent – notre vie est une publicité pour la foi que nous partageons. C’est notre comportement qui nous ouvre la porte pour partager Jésus. L’auteur Dr. Martyn Lloyd Jones a dit ceci « La gloire de l’évangile c’est que quand l’église n’est absolument pas comme le monde elle l’attire invariablement. C’est comme cela que le monde écoute son message, bien qu’il le déteste au début. »
Il est vrai que nous ne sommes pas parfaits, nous sommes des vases de terre comme le dit 2 Corinthiens 4:7. Si quelqu’un veut nous critiquer et critiquer notre foi à cause de notre comportement il n’aura aucune difficulté à trouver quelque chose sur quoi se baser! « Tu t’appelles chrétien! Incroyable! » est facile à dire. Mais nos faiblesses, fautes et erreurs ne sont pas une raison de ne pas s’engager dans le monde. Nous pouvons témoigner du pardon que nous avons reçu!
A cause de l’amour que Dieu a pour nous et à cause de son amour pour ce monde il est essentiel que nous nous engagions pour le bien du monde. Nous devrions être plus engagés que ceux qui ne connaissent pas Dieu! Peut-être que cela nous donne l’occasion de réfléchir… nous ne sommes pas des agents de l’ombre qui font les bonnes œuvres seulement pour avoir accès auprès des gens pour pouvoir les convertir… en cachette. Dans ce sens là nos œuvres doivent pouvoir se tenir toutes seules.
Mais il est légitime de penser qu’elles peuvent servir aussi comme une invitation aux gens de poser des questions. Si quelqu’un nous demande pourquoi nous sommes engagés dans telle ou telle activité dans notre société, nous pouvons répondre « Je crois qu’en tant que chrétien j’ai la responsabilité d’agir pour le bien de ma communauté. » Cela va sans doute provoquer des questions supplémentaires. Une des propriétés du sel c’est qu’il donne envie de boire – il donne soif aux gens. Si vous ne me croyez pas allez une fois manger des frites chez Quick ou McDonalds. Vous aurez bien besoin d’une boisson presque tout de suite… Notre façon de vivre et d’agir, nos bonnes œuvres doivent avoir une qualité qui attire. Ce que nous sommes peut attirer les gens.
Et pour finir ce qui est attirant en nous, c’est simplement Christ. « Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère (c’est à dire le mystère du salut) parmi les païens, savoir: Christ en vous, l’espérance de la gloire. »
Pour nous il est notre exemple du sel par excellence et son Esprit nous fortifie et nous habilite pour être sel dans ce monde.